vendredi 18 mai 2012

Cycle Jean Painlevé "Au fil de ses films"

Dans le cadre de l'Odyssée de Martigues, dédiée cette année à la thématique de l'eau, l'Espace Cinéma propose de découvrir une partie de l'oeuvre de Jean Painlevé, pionnier du cinéma scientifique.

Jean Painlevé est l'auteur de plus de 200 films, issus tant de la recherche scientifique que de l'esprit rebelle de l'avant-garde. Proche de Vigo, Eisenstein, Artaud, Painlevé a consacré sa vie à une radiographie luxuriante et joyeuse de l'infiniment petit, avec une prédilection particulière pour la faune aquatique qu'il aborde avec une obstination singulière, une curiosité presque jubilatoire et une absence de sentimentalisme. A l'affût de leçons d'humanité dans l'animalité, pionnier subversif du multimédia, Painlevé a su utiliser et développer les technologies les plus pointues de son époque (caméra sous-marine, trucage, ancêtre du steadycam) et mêler, en visionnaire, ses images aux musiques les plus contemporaines, du jazz de Louis Armstrong et de Duke Ellington aux musiques électroniques de Pierre Henry. »
(Les Documents cinématographiques)

Un cycle de six courts métrages de 26 mn

Conception : Hélène Hazera. Réalisation : Denis Derrien. Production : GMT productions, La Sept, institut du cinéma scientifique. Participation : CNC, ministère des affaires étrangères (DC), ministère de la recherche et de l'enseignement supérieur.


     Du mardi 22 au dimanche 27 mai : 11h- 14h30- 15h30
(Aux jours d'ouverture)

    
Episode 1

Jean Painlevé raconte son enfance, sa jeunesse dans le Montparnasse des années 1920 et comment il est venu à l'observation des animaux et à la réalisation de films scientifiques.
Il est né le 20 novembre 1902 - Painlevé fait toujours preuve d'une grande précision dans sa façon de parler - et sa mère est morte à sa naissance. Son père était normalien et ministre. Il a été entouré de scientifiques. Très mauvais élève, il réussit à passer miraculeusement son bac et devint le premier de sa classe de Math spé, qu'il quitte sur un coup de tête. Il partait soi-disant pour le lycée mais se rendait au jardin des Plantes où il était aide-vétérinaire ! Le cinéma était à la mode, il joue dans un film avec Michel Simon. Puis, il réalise "L'Oeuf de l'épinoche, de la fécondation à l'éclosion" tourné image par image. Le temps de dire "moteur" à son opérateur, il ratait toujours le début du filmage : il décide de se passer d'opérateur, de tourner et de monter lui-même. 


Episode 2
Jean Painlevé parle de ses films "L'Oursin" (1928), "La Daphnie" (1928) et "Caprelles" (1929) dont nous voyons de longs extraits. Il aime montrer des animaux rares et curieux, les caprelles, par exemple, qui courent en bondissant au fond des aquariums. Miracle de filmer une caprelle accouchant en marche !

Painlevé filme évidemment ce qui l'intéresse, par exemple l'architecture de l'oursin, série de structures et de colonnades, mais aussi ce qu'il pense devoir intéresser le public, la parthénogénèse des daphnies par exemple. L'arrivée du parlant sonne, selon lui, le glas du cinéma qui doit passer sous les fourches caudines des mots, des acteurs. Il maintient les intertitres dans ses films. Il crée l'institut de cinéma scientifique et technique, il essaye de convaincre les chercheurs de l'intérêt du cinéma. Il raconte comment il s'est fâché avec Eli Lotar à la suite d'une erreur de développement de la pellicule et comment celui-ci, sans travail, est véritablement mort de faim. Il dira, mais dans un autre épisode, son remords.
 


Du mardi 29 mai au dimanche 3 Juin : 11h- 14h30- 15h30
(Aux jours d'ouverture)

 
Episode 3

Painlevé parle de son film "Barbe-Bleue" dont il avait commandé la musique à Maurice Jaubert qui composa dix minutes de musique foudroyante. Il parle aussi de son grand ami Jean Vigo, qu'il regrette de ne pas avoir sauvé en lui créant un rein artificiel. Puis il parle de ses films sur le bernard l'hermite (1929) et sur l'hippocampe (1934).

Où l'on apprend que le bernard l'hermite a la pince droite plus grosse que la gauche. Avec un certain grossissement, on peut faire un monstre de ce charmant petit animal ! "L'Hippocampe" est un film qui a rapporté ce qui avait été investi. Ce qui est rare pour un court-métrage, et très rare pour un film de Painlevé. On y voit, par exemple, un mâle qui accouche, les oeufs de la femelle collés sur sa peau, dans les douleurs de la délivrance. Painlevé reconnaît avoir toujours été gêné par le fait de pouvoir s'emparer des animaux et d'en faire ce qu'il voulait sous prétexte qu'il était le plus fort. Il réalise ses premières prises de vues dans la mer grâce à un scaphandre qui lui donne dix minutes
d'autonomie. Il crée le club des "sous-l'eau", où l'on apprend la plongée. 


 Episode 4

A l'âge de 9 ans, Painlevé a rencontré pour la première fois les pieuvres dans les grands bassins d'eau de mer de l'aquarium des chercheurs à Roscoff. Il parle ici de ce
miracle merveilleux qu'est la pieuvre qu'il a filmée pendant une trentaine d'années.

Il a consacré un film de recherche d'une heure à l'évolution de l'oeuf de pieuvre dont il a gardé deux minutes dans un film plus public : "Les Amours de la pieuvre". Il parle également, dans cet épisode, des "danseuses de la mer", marchandises disparates - étoiles de mer, comatules, ophiures - à qui il a consacré un film qui lui valut la réputation de fantaisiste. Painlevé parle aussi de l'opérateur Claude Beausoleil avec qui il a inventé une épaulière pour fixer la caméra et pouvoir garder les mains libres. Cet 
opérateur a travaillé ensuite avec Godard sur "A bout de souffle".  


Du mardi 5 au dimanche 10 juin : 11h- 14h30- 15h30 
(Aux jours d'ouverture)


Episode 5 

Dans cet épisode, Painlevé parle de ses films "Histoires de crevettes" (1960), "Diatomées" (1967), "Aceras" et "Cristaux liquides" (1978).

A partir de 1947, tous ses films marins ont été tournés avec Geneviève Hamon, son alter ego. Le sujet de "Cristaux liquides" appartient à la chimie moléculaire à trois dimensions. Il était trop spécialisé pour le public, mais Painlevé voulait en montrer la beauté. La dernière musique composée par François de Roubaix allait parfaitement avec ses images : encore un "hasard cosmique" !  


Episode 6

Painlevé parle de la recherche et des moyens que lui donne le cinéma. 
Un film de recherche est brut, sans montage, ni parole. Un film de vulgarisation est un aboutissement. Il n'a pas toujours été facile de convainvre les chercheurs de l'utilité du cinéma. Cependant, grâce au film, une thèse a parfois été différente de ses hypothèses.


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